18/07/2014

Interview de Nicolas Bianco-Levrin

La bande dessinée

J’avais 2 ans et demi, je jouais au chat et à la souris avec mon chat, et une fois il est allé se planquer sous le lit de mes parents. J’y vais en rampant et je tombe sur le premier numéro de Métal hurlant.
Et dans le premier numéro de Métal hurlant il y avait, entre autre, une bd que je trouvais fantastique, c’était Arzach. J’avais 2 ans et demi je ne savais pas lire, je savais même pas parler à cet âge là, et j’arrivais à comprendre ce qu’il se passait. C’était pas pour enfant, et aussi ça ça me plaisait, de me dire « on se fout pas de ma gueule , c’est vraiment une bande dessinée, c’est pour les grands et pourtant j’arrive à comprendre ce qu’il se passe. ». Et ça m’est resté comme exemple pour faire des histoires en images ou du moins où l’image porte les trois quarts de la narration.

Et puis en continuant mon parcours j’ai voulu faire plutôt de la bd. Mais j’étais vraiment plus penché image et expérimentations. Et à ce moment là, sur les fins 90 début 2000 c’est la littérature jeunesse qui donnais le plus de liberté et de facilité pour monter des projets en images. Mais j’ai fait peu d’histoire qu’étaient vraiment jeunesse.

Je suis resté longtemps Mœbius, Druillet, Caza et toute la clique des années Métal hurlant et Pilote pour les Philémon et autres du genre. Et dans tous ce qui était années 80 je trouvais rien qui me titillait, je restais assez hermétique. Jusqu’à ce qu’il y ai Joann Sfar avec ses trucs de pirates qu’il a fait au début. Là j’ai trouvé qu’il se passait pleins de trucs, ou avec des Christophe Blain, Rabaté et pleins d’autres.

Et après on a par chance une médiathèque pas loin de chez nous qui est immense et remplie de bandes dessinées sur lesquelles je serai jamais allé et puis finalement il y a des tas de trésors. Le dernier en date c’est Les gens honnêtes de Durieux et Gibrat qui est plutôt pas mal.


La lecture

Je préfère écrire que de lire. Tant que la lecture reste un outils à ce moment-là je lis. C’est-à-dire que lorsque je travaille sur la Commune je vais être même surexcité d’aller lire et de me documenter mais ouvrir un bouquin spontanément j’y arrive pas. Au final je lis plutôt pas mal puisque que je passe mon temps à me documenter pour faire mes courts métrage.


Le cinéma

On en mange aussi beaucoup toujours grâce à la médiathèque. En se disant allons voir ce qu’on ne va pas voir spontanément.

Après en long métrage, beaucoup de polars et de films français des années entre 50 et 70, vraiment beaucoup. Et même avant des Sacha Guitry et d’autres du genre.

Et puis après le tout venant, on pioche dedans. Les jeudis soirs je suis tout seul et je fais les jeudis de la honte c’est-à-dire que je vais voir les films que tu ne peux pas avouer que tu vas voir. Et finalement en allant chercher dans les trucs les pires qui soient j’ai trouvé pas mal de trésors. Notamment tout une série de films de Kung-Fu. En même temps t’y cherche un plaisir qui est premier et donc tu es comblé pour ça et des fois il y a un vrai truc en plus. Mais dans aucun des cas je ne retiens les titres.




Ah si le dernier jeudi de la honte avec un mauvais film où j’ai passé un bon moment quand même c’était Halal police d’état. A force de faire, dans le court-métrage qui est relativement élitiste, dans des moments où t’es toujours en train de te poser des questions sur le fond, la matière, la façon dont tu prépares les choses, il y a un moment aussi où tu oublies un petit peu la notion de partage. Donc si on estime vouloir montrer autre chose à des petits il faut essayer de comprendre les codes visuels de ce qui est plus évident pour eux pour essayer d 'en jouer et raconter ce qu’on a envie de raconter. Puisque le fond de l’histoire on peut y mettre ce qu’on veut, même dans une histoire qui est de prime abord légère. C’est une bête d’excuse pour regarder des films pourris, mais c’est ça, ça s’appelle les jeudis de la honte.






La musique

J’avais besoin sur Pépé Raoul d’un mec qui joue mal du banjo et ça je savais le faire. Mais en réalité je regrette parce que je ne joue pas assez mal ou pas assez bien. Mais ça m’a permis surtout de pouvoir discuter avec les musiciens.

Après en tant que public de musique beaucoup de jazz des année 50-70 et type Coltrane mais avant qu’il fasse du free. Des Miles Davis plutôt du début, quelques rock jazz type Colosseum, un peu de folk type CrusbyStills Nash et d’autres du genre.

Et en plus récent j’ai jamais trop exploré. Mais on a des potes qui ont commencé à faire de la musique en même temps que nous on faisait nos films. Et qui on fait d’ailleurs pas mal de musique de nos court-métrages et que je trouve vraiment fameux parce qu’ils se posent des questions de musique en même temps ça s’écoute vraiment c’est pas du PierreBoulez. C’est Pad Brapad qui mixe la musique d’Europe de l’Est avec un scratch. C’est un croisement de deux cultures musicales complètement différentes et ils arrivent à faire quelque chose qui raconte des histoires mais juste avec de la musique.


Célestin Freinet

Avec Julie on fait souvent des ateliers avec les enfants. Et finalement pour nous ce travail là avec les enfants c’est fondamental parce que comme tout un chacun on rêve de changer le monde tous les matins. Mais on a pas encore trouvé de technique secrète et on en est incapable. En revanche dans le fait de travailler avec des petits, et entre autre de faire des films, on essaie de se reposer toutes les questions d’être avec les autres et de travailler avec les autres. Ce n'est pas « on fait tous le même truc au même moment », c’est « on fait quelque chose et on passe le relais ».

On est assez en désaccord avec la façon dont les apprentissages se font aujourd’hui, parce qu’on est obligé d’apprendre une certaine quantité d’information à un certain nombre d’élèves et que les programmes permettent peu de liberté.




Un exemple fort pour nous de principe de pédagogie et en même temps de façon de monter des Célestin Freinet. C'était un enseignant qui pendant la guerre de 14 s'est fait gazer et quand il revient il peut plus faire de cours magistral. Il a plus le souffle, il a plus la force de le faire, donc il est obligé de créer des petits ateliers et que les gamins soient autonomes. Et lui il passe d’atelier en atelier donc il les laisse pas tout seuls. Mais il a été obligé d’inventer des tas de procédés et ces procédés là sont des vrais principes d’éducation et finalement de travail pour monter des projets. Pour nous c’est quelque chose de fondamental. Il y a d’ailleurs un excellent film qui raconte un peu ça. Ça s’appelle L'école buissonière avec Blier très très jeune. C’est un film de la fin des années 40 réalisé par Le Chanois.
projets c’est





Et pour finir

Quand tu fais une fin ouverte tu laisses le choix à l’autre mais encore mieux que cela c’est de laisser une fausse fin ouverte c’est-à-dire qu’on a tous l’impression que c’est une fin ouverte mais en réalité ton point de vue il est déjà marqué et encore mieux si on se rend pas compte que t’as orienté le regard. J’ai réussi quelques fois mais pas souvent.

Nicolas Bianco-Levrin
30 octobre 2013

http://www.nicolasbianco.fr/
Prototypes Productions sur vimeo

itv complète en pdf